Le Ju-jitsu, le Judo : comme des frères.

Retracer l’histoire du Ju Jitsu n’est pas chose aisée. Les arts martiaux japonais n’ont de finalité que pour neutraliser un adversaire lors d’un combat. C’est pour cela qu’ils étaient l’apanage des guerriers et des samouraïs. Le Ju Jitsu est l’héritier des techniques de combat à mains nues mises au point pour permettre au samouraï de se battre efficacement même désarmé.
Le mot Ju Jitsu (Ju Jutsu) apparaît au début du XVIIème siècle. Mais il s’agit là d’une dénomination qui regroupe un ensemble de techniques hérité des différentes écoles (Ryu) qui virent le jour au XVème siècle. Ces écoles placées sous la férule d’un maître reconnu pour ses talents de guerrier (Bushi) gardaient jalousement leurs techniques secrètes.

L’une d’entre elle est entrée dans la légende, l’école de l’esprit du saule, Yoshin Ryu. En effet, le maître de cette école regardait la neige tomber sur des arbres. Alors que les branches solides des pins se brisaient sous le poids de la neige, il observa que les branches plus souples du saule se pliaient et laissaient tomber la neige. Frappé par cette démonstration, il orienta son enseignement sur le principe fondateur du “céder pour vaincre”. Un principe toujours d’actualité et enseigné aujourd’hui dans le cadre du Ju Jitsu et du Judo.

Grandes influences également, les autres écoles comme Takeda Ryu, Takeno Uchi Ryu et Tenjin Shinyo Ryu font état d’un répertoire technique large et complet : les formes de combat liées au sabre, au couteau, au bâton, à la lance et même à l’éventail, les techniques de projections et de frappe pieds-poings.

Très influencée par les arts martiaux chinois, l’école Kito Ryu Ju Jitsu marque un vrai tournant pour le Ju Jitsu par son approche très subtile de l’art du combat : « Vaincre la vigueur par la souplesse en utilisant la force adverse tout en préservant la sienne. On ne peut pas vaincre en ajoutant sa force sur la force adverse. ». Ces principes s’ajoutent à ceux de l’école de l’esprit du saule et scellent les principes fondateurs du Ju Jitsu et du Judo : un minimum d’efforts, un maximum d’efficacité. Notamment parce qu’un élève de cette école se nommait Jigoro Kano.

Dès 1877, avec l’interdiction faite aux samouraïs de porter leurs sabres, les arts martiaux à mains nues, déjà très populaires auprès des paysans sans armes, deviennent incontournables : le Ju Jitsu connaît un fort succès.
En 1886, la police adopte le Ju Jitsu comme méthode de combat.
Premier pied posé en France en 1904 à Paris mais le phénomène ne dure pas.
Kawashi met le Ju Jitsu sur les rails avec le système de ceintures de couleur.

Cependant, le développement du Ju Jitsu profite directement au Judo. L’essor du Judo de compétition et des autres arts martiaux japonais comme le Karaté et l’Aïkido : le Ju Jitsu retourne dans l’ombre.
On dissocie souvent le Ju Jitsu et le Judo. Les pratiquants en arrivent même à se regarder comme des bêtes curieuses. Pourtant, il s’agit des mêmes enseignements avec des formes plus spécialisés ou spécifiques. Le lien entre ces deux disciplines n’est pas uniquement d’être encadrées par la même fédération.

Le Ju Jitsu et le Judo se ressemblent comme des frères (ou des sœurs, comme vous le souhaitez). Plus complet car intégrant des frappes, le Ju Jitsu est donc un solide grand frère. Et en famille, la bienveillance est de rigueur.